De gauche à droite:Redempta Mukarwubaka et Leonilla Uwimana , assistées par Hope of Family à côté de leur porcherie.

Imaginez les papas de tous les villages du Rwanda qui, le soir, au lieu d’aller se rincer la gorge, choisissent d’aider leurs enfants à faire les devoirs à domicile. Représentez-vous toutes les mamans qui ne voient plus leurs bambins en une main d’œuvre qu’il faut envoyer après l’école au fond de la vallée puiser de l’eau, garder les chèvres, plutôt prennent le temps de les écouter raconter combien la journée a été pénible avec les exercices étouffants de la maîtresse. Montrez-vous tous les ménages de nos mille collines financièrement épanouis pour permettre aux parents de s’investir davantage dans l’éducation de leurs progénitures. Le rêve, ou encore le fardeau, est de Hope of Family, une association sans but lucratif, qui œuvre pour plus d’implication des parents dans l’éducation de leurs enfants.

UNE HISTOIRE PERSONNE AVANT TOUT

« Ma mère avait beaucoup de peines à nous élever. Personnellement j’ai beaucoup souffert dans mes études, surtout du manque. Nous n’avions pas d’électricité à la maison. Je ne pouvais pas être dans un internat comme les autres élèves. Ma mère ne pouvait pas se battre pour nous élever  et en même temps trouver du temps pour s’occuper pleinement de mes études. Et ça m’a beaucoup affecté », raconte Aimable Mpayimana, fondateur de Hope of Family, qui se bat aujourd’hui pour épargner aux générations futures les mêmes difficultés. L’organisation, qui fait encore ses premiers pas, est déjà active dans le district de Muhanga (province du Sud), et a décidé de démarrer avec une équipe pilote de cinq familles : «  nous avons donné du matériel scolaire à tous les enfants (douze). Leurs parents sont aussi assistés. Nous les avons mis en association pour pouvoir travailler ensemble. Nous leur avons donné du petit bétail (des chèvres et des porcs).

Ils ont un compte bancaire commun. Ils peuvent monter de petits projets pour subvenir à leurs besoins familiaux. L’essentiel de leurs soucis financiers réglé,  ça leur permet de bien s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants. Ils ont d’ailleurs le devoir d’aller les visiter à l’école chaque semaine. Nous les encourageons aussi à parler études chaque soir dans le débat familial », explique toujours Aimable Mpayimana qui ajoute en substance que les parents ont, à leur tour, des programmes de formation qui leur permettent d’assimiler la nouvelle mentalité : « il y a un manuel, traduit en kinyarwanda, qui explique par exemple pourquoi c’est important pour un parent d’être impliqué dans l’éducation de son enfant.  Toutes les familles suivies par Hope of Family doivent se réunir une fois la semaine pour apprendre. Ceux qui ne savent pas lire et écrire, nous les avons d’abord mis dans un centre d’alphabétisation ».

UN MODÈLE À REPRODUIRE

Redempta Mukanubaha, veuve, mère de six enfants et originaire de Mbare à Muhanga, ne tarit pas d’éloges à Hope of Family avec laquelle elle travaille depuis bientôt trois ans : « j’étais vraiment à terre à cause de la pauvreté. Je n’avais pas de terre à cultiver. Le minerval des enfants était une montagne. Leur éducation était le cadet de mes soucis. Mais aujourd’hui, non seulement nous sommes bien financièrement à la maison au point de louer sur mes propres moyens des terres à cultiver, je suis devenue comme une deuxième institutrice pour mes enfants qui sont encore à l’école primaire », se réjouit la mère de 47 ans qui égrène une liste de projets déjà réalisés: « nous avons dans notre association (faite des familles aidées par Hope of Family) des porcs de race moderne qui vont bientôt mettre bas pour la deuxième fois. L’organisation nous a appris comment faire une kitchen garden. Nous avons des kandagirukarabe, un dispositif artisanal qui permet de se laver les mains après ses besoins,… ». Cerise sur le gâteau : « Hope of Family nous a donnés des téléphones pour mieux communiquer entre les membres de l’association, avec les enseignants de nos enfants si nécessaire, des postes de radio pour rester informés et pouvoir suivre des émissions instructives », ajoute Redempta.

De gauche à droite : Landouald Hakizimana(Volontaire communautaire de Hope of Family), Redempta Mukarwubaka,Esperance Mukarusagara,Perpetue Tuganumukiza,Leonilla Uwimana,et Liberatha Mukamana avec des postes de radio et téléphones mobiles, tous donnés par Hope of Family pour s’informer et mieux communiquer principalement avec les communautés scolaires dans l’intérêt de leurs enfants.

Hope of Family rêve de voir un jour des centaines, voire des milliers, de « Redempta ». Elle veut dupliquer le modèle, cette fois-ci sur 100 familles. «  C’est un projet en cours de préparation », assure Aimable Mpayimana, président de l’organisation. « Nous donnerons aux 30 premières familles plus vulnérables  du petit bétail parce que c’est très cher. Mais tout le reste s’appliquera sur tous les 100 ménages », avertit-il. Aujourd’hui recommandée par les autorités du district de Muhanga, l’organisation vient de mettre le cap sur trois grands projets d’avenir : promouvoir l’alphabétisation en instaurant des bibliothèques communautaires faites pour accueillir même des parents qui savent juste lire et écrire, organiser des campagnes communautaires pour promouvoir la cause de Hope of Family et son domaine d’intervention ,et enfin, soutenir les activités parascolaires des enfants afin de les aider à déterminer et travailler sur leurs talents.

Hope of Family